L'héritage d'Hastur
par Fabrice Rossi
Ma citation préférée traduit parfaitement l'esprit du roman : le narrateur est Lew Alton et il fait référence à sa femme, Marjorie Scott. "Nos mains s'unirent irrésistiblement pendant notre promenade. Caer Donn était une cité magnifique. Même maintenant, sachant qu'elle est enterrée sous des tonnes de gravas et que je n'y retournerai jamais, elle demeure dans mon souvenir comme une ville de rêve, une ville qui, un court moment, fut effectivement un rêve et un rêve partagé." Une autre, tout aussi terrible : "Ce que je regrettais le plus, ce n'étais pas de mourir, mais de renoncer aux longues années de vie commune que nous ne connaîtrions jamais, de savoir que Marjorie ne verrait pas les collines entourant Armida, qu'elle n'y entrerait pas en jeune épousée. Vers le matin, elle pleura un peu sur l'enfant qu'elle n'aurait pas le temps de mettre au monde. Finalement, blottie dans mes bras, elle sombra dans un sommeil agité. Je restai éveillé, songeant à mon père, à mon fils à naître, à cette fragile étincelle de vie à peine allumée et déjà éteinte. Je regrettais que Marjorie en eût connu l'existence. Non, il était bon que quelqu'un le pleure, cet enfant, et moi, j'avais dépassé le stade des larmes."

© Christophe Guilbot |